Fausse manoeuvre dans la petite cuisine du chalet ou distraction de dernière minute, je ne sais.
En tout cas, au moment de prendre des nouvelles de mon luxueux gratin bon chic bon genre, sensé gratiner dans un four à 165°”chaleur tournante”pendant 40 minutes programmées … J’ai eu quelques surprises.
Il faut que je vous dise, c’était la première fois que j’essayais cette recette de l’école de cuisine du Ritz… Et oui, ma chère fille n’a pas tout à fait perdu le nord en m’offrant un cours de cuisine “spécial réveillon” cette année pour mon anniversaire (qui soit dit en passant a lieu début septembre)…
Bref, l’entrée étant en train de se terminer, alors que la dinde “contisée !!!” (encore une création façon Ritz !!!) était mise au chaud déjà découpée par Bertrand, lorsque je vais jeter un coup d’oeil à mon fameux gratin de patates douces céleri en train de gratiner…
Car d’après mes calculs… Le temps étant écoulé… il n’y avait plus qu’à ouvrir la porte du four pour l’apporter à table. Rien de plus simple me direz vous avec un super four programmable et programmé…
Et pourtant là, stupeur !. Le four ne s’ouvre pas tout en ayant l’air d’être bien chaud (mais il est muni d’une porte froide…pour la sécurité de nos petits enfants).
Alors je cherche et tourne les boutons… Mais en vain, même en me récitant des formules magiques genre (M… alors ou pour les petits “Sésame ouvre toi” !) et je vois mon gratin à l’intérieur déjà sérieusement bronzé en train de faire des bulles… Pour très vite me rendre à l’évidence. Le four était vérouillé car le programme pyrolise était enclenché et la chaleur intérieure trop élevée, sécurité oblige… Depuis combien de temps ? Mystère…
Alors, branle bas de combat dans la chaumière en toit de tôles comme la plupart des chalets dits modernes… je ne vais pas dire la taulière !!! ça prêterait trop à confusion.
Comment arrêter le cycle infernal de la pyrolise et aussi ouvrir la porte…
Après l’affolement et les émotions verbalisées, chacun y allant de son vocable préféré dans la recherche d’un coupable déjà presque condamné…Il nous a bien fallu…
Retrouver nos esprits et remettre de la méthode avant toute chose au coeur de notre assemblée de QI familiale (si on m’exclue pour ne pas faire tomber la moyenne c’est assez impressionant, mais pas forcément efficace pour autant dans ce genre de situation… comme la suite va le montrer) qui se met à la recherche d’une réponse à la fois intelligente, élaborée, globale et partagée (nous sommes tous à la fois démocrates et de gauche !) nous permettant d’accéder à notre plat avant qu’il ne fonde, se transforme en poussière ou explose dans le four.
Mais là, force est de constater que dans un premier temps l’émotion méditéranéenne de la mère de famille que j’assume incarner, a sans doute pollué et prévalu et s’est transmise, de manière houleuse à presque l’ensemble de l’assistance.
Seul, mon gendre s’est retranché derrière son obligation de réserve bienveillante et son flegme légendaire pour ne pas mettre de l’huile sur le feu… Ce qui en l’occurrence est à peine un euphémisme.
Je dois quand même préciser que dans cette tourmente, mon premier réflexe a été de faire couper l’arrivée d’électricité pour nous accorder un temps de réflexion et arrêter l’engrenage infernal… Dans le four !
Quoique pas tout à fait…
Car la porte du four ne s’est pas ouverte pour autant…. pour permettre à la chaleur de bien rester enfermée… avec le gratin, bien sûr !!!
Le premier orage passé, notre Assemblée Constituée s’est lancée dans la recherche de la notice de la cuisinière dans le paquet de notices bien classé ( il faut tout de même que je le dise) par la mère de famille, encore moi…
Et là nous avons bien retrouvé… la notice de l’ancienne cuisinière…qui n’avait pas de pyrolise et était partie aux encombrants il y a plus de deux ans lors de son remplacement par la “pyrolésienne”.
Et pendant ce temps, le four ne s’ouvrait toujours pas, et, l’éclairage interne étant coupé faute de courant, on ne pouvait même pas prendre des nouvelles du gratin, car bien sûr en l’absence de données écrites et sur la base d’un contrat implicite, nous nous interdisions de remettre le courant par crainte de porter la responsabilité d’un nouveau cataclysme.
Nous avons alors décidé de poursuivre notre repas après quelques tensions… privées…
la dinde était fort belle et bonne et avait échappé au désastre. Ouf pour la validation de mes acquis !!!
En guise d’accompagnement, nous avons partagé le surplus de légumes avec leur appareil (c’est comme cela qu’on cause en cuisine pour parler de la sauce) non gratinés que j’avais gardés soigneusement pour accompagner les restes le lendemain.
Le tout réchauffé au micro ondes et présenté dans une élégante boite tuperware des années 80 !!!, était parfait ou presque et largement suffisant !
Le lendemain matin, la nuit, même courte portant conseil, et alors que la porte du four restait vérouillée, j’ai retrouvé la notice de la cuisinière soigneusement placée en évidence par mes soins dans la cuisine, à portée de mains (vu la taille de la cuisine tout y est à portée de mains !). Je l’avais d’ailleurs mise à cet endroit, ça m’est alors revenu !!! pour que les amis ou famille visiteurs n’aient pas à chercher… En cas de besoin !
Je me suis donc plongée dans sa lecture avant que tout le monde s’éveille… Pensant y trouver la formule magique à l’ouverture du four. Mais non, rien d’autre qu’une phrase laconique…”En cas de fausse manoeuvre, attendre la fin du cycle et le refroissement du four”. Me voilà bien avancée.
Je n’allais quand même pas remettre mon programme pyrolise en route pour assister sans voix à la décomposition de mon gratin…
Ayant quand même quelques intuitions, je me suis dit “qu’on ne nous disait pas tout” sur cette notice et qu’il y avait peut être dans cet engin une temporisation liée à l’alimentation électrique et pas seulement à la température du four. ( ce qui m’avait d’ailleurs déjà effleuré l’esprit la veille).
J’ai donc soumis le problème aux têtes pensantes familiales autour du petit déjeuner qui suivit et cette théorie fut partagée par l’ensemble de l’Assemblée Reconstituée. Ouf !
Et c’est alors d’un commun accord qu’on a remis le courant… Après l’ouverture des cadeaux… Mais sans remettre le programme pyrolise ou un autre, dans l’espoir que le Père Noël en passant par la cheminée ait pensé à nous
Et là… Pas de miracle. Le sapin brillait, toutes guirlandes dedans, le petit Jésus trônait bien dans la crèche Carbonel sur le buffet, les rois mages y étaient bien en route avec leurs valises de trésors, mais le four insensible à cette joie de Noël pourtant patente ne s’ouvrait toujours pas; Le gratin restait séquestré. Le miracle de Noël n’avait pas lieu.
Seul soulagement, le four ne chauffait plus et en l’éclairant nous avons vu que le plat, objet de tant de sollicitudes, était dans un état apparemment acceptable.
Puis, nous avons pensé à d’autres choses. Et ce n’est qu’après plusieurs essais infructueux, repassant par hasard dans la cuisine, que j’ai pu enfin délivrer le plat du four.
Merci l’électronique !
Le repas suivant, nous avons partagé les restes de dinde et goûté au gratin gratiné.
Et bien, vous me croirez si vous voulez mais, à part le fait qu’il était un peu trop bronzé sur le dessus, c’est la seule fois ou le mélange lait crème a correctement été absorbé par les patates douces et le céleri, donnant à ce plat un moëlleux et une saveur… INOUBLIABLE.
Je vous souhaite une bonne fin de journée.