define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Le blog de Myriam Heilbronn » 2012» mars

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Le salon anti colonial à la Bellevilloise … Ou un remue mémoire bien nécessaire !

Jeudi 15 mars 2012

Car ce salon remet des pendules à l’heure sur un colonialisme rampant ou bien visible qui n’est pas, hélas que de l’histoire ancienne dans notre pays et ailleurs …
Pour la 7ème édition de la semaine anti coloniale, ce salon s’est encore tenu cette année les 25 et 26 février dernier à la “Bellevilloise”. Il était organisé par l’association « Sortir du Colonialisme ».
Mais d’abord qu’est ce que la Bellevilloise :
Située 21 rue Boyer à Paris, la Bellevilloise est un lieu emblématique de Belleville que certains taxent aujourd’hui de « bobo » pour « soixantehuitards » attardés… En parler ainsi c’est bien le méconnaître. En effet c’est un endroit haut en symboles pour la classe ouvrière et le « petit peuple » de Paris construit en deux étapes aux lendemains de la commune de Paris, en 1877 et profitant du tout nouveau droit de se réunir en association. Il s’ est agi dans un premier temps de répondre à des besoins alimentaires sur Paris en créant une coopérative “du peuple” au bénéfice des habitants du 19ème et du 20ème arrondissement. Moyennant une côtisation modique et un engagement aux principes mutualistes les adhérents pouvaient venir s’y approvisionner à des prix très bas à une époque où les classes populaires étaient loin de manger à leur faim et où les souvenirs de la dernière famine de Paris lors du siège de Paris en 1870 étaient encore très présents.
Puis ce fut aussi, avec la construction d’une Maison du peuple qu’on y a associée en 1910, un « lieu ressources » laïque offrant à ses adhérents des activités à caractère associatif social et culturel ainsi qu’éducatif. On y trouvait aussi bien un dispensaire (avant qu’existent les assurances sociales…), un patronage laïc, un café (qui existe toujours sous une forme proche de celle de l’époque) et une salle de spectacle où se donnaient des pièces de théâtre et des concerts. On y délivrait aussi dans le cadre d’une Université populaire aussi bien des cours de philosophie, d’esperanto, d’Histoire ou de français de base… Dans la vaste salle du premier étage où se trouvait fin février le salon anti colonial, Jean Jaurès et plus tard d’autres hommes politiques notamment dans les années 30 y ont tenu des réunions publiques qui ont marqué l’histoire. Cet ensemble coopératif a fonctionné jusqu’en 1936.
La Bellevilloise est maintenant de nouveau ouverte au public et accueille des réunions militantes, sert de nouveau de salle de concert et de lieu d’exposition … Ce lieu de débats et d’échanges a gardé son caractère militant…

Le salon anticolonial des 25 et 26 février 2012
J’y ai participé avec des membres d’Evry Palestine où « l’Association France Palestine Solidarité » a tenu un stand pour informer et échanger avec les visiteurs sur l’occupation de la Cisjordanie, la colonisation d’Israël, le problème des prisonniers palestiniens qui sont encore 4600 actuellement dans les prisons israéliennes. Nous avons également sensbilisé les visiteurs sur les campagnes actuelles :
- Pour “la Palestine à l’ONU”,
- Sur « BDS » (boycott, désinvestissement, sanctions) campagne ciblée sur les produits fabriqués dans les colonies comme la carafe « Soda club » ou les fruits et légumes cultivés par les colons notamment dans la vallée du Jourdain, mais aussi les mandarines, les avocats et les dattes Medjoul alors que l’eau est confisquée aux palestiniens dont les terres se désertifient.
Nous avons aussi évoqué la nouvelle campagne de mobilisation pour inciter France Telecom via « Orange » à dénoncer son accord de Téléphonie mobile avec un opérateur israélien implanté dans les colonies et travaillant pour l’armée Israélienne.
Dans ce salon j’y ai aussi rencontré d’autres associations qui militent pour la Palestine ainsi que des associations de soutien aux différents peuples anciennement ou toujours « colonisés » ou en lutte ou questionnement quant à leur avenir aujourd’hui tels que les kanaks, ou le respect de leurs droits pour les maoris par exemple. Etaient également présents un collectif des associations et amis des Comores, de la Guyane, les sahraouis toujours en lutte… (Et qui l’étaient déjà lorsque j’ai habité en Algérie pendant deux ans).
Plusieurs stands sur l’Algérie dont le salon honorait le 50ème anniversaire de son indépendance et le triste évènement du métro Charonne étaientprésents, avec notamment un stand d’appelés d’Algérie, mais aussi des stands d’associations latino américaines et bien sûr des associations d’Afrique de l’Ouest. Par contre j’ai trouvé que les pays d’Asie étaient peu représentés cette année.
Le salon anti colonial c’est aussi une grande librairie regroupant plusieurs librairies militantes et je vous conseille deux livres : Dans l’ombre de Charonne et « Etrange ballet des ombres »(livre très dur qui concentre en 200 pages tous les fléauts d’une Afrique “gâtée” par la colonisation).
Bien sûr on pouvait aussi découvrir des produits des pays exposants comme à “Artisans du Monde” ou Andines qui est une association qui travaille avec la Palestine sur la base d’accords coopératifs (et commercialise notamment de l’huile bio et des savons) et les pays des Andes principalement. Etait aussi présent Le « Philistin » qui vend des produits de Cisjordanie principalement de l’huile et quelques produits d’épicerie ainsi que de l’artisanat. J’y ai aussi découvert un disquaire « militant »qui « remastérise », mine précieuse au combien, tout plein de disques transformés en CD « avalables » par nos modernes instruments.
J’ai ainsi pu acquérir notamment une version originale de la chanson de Craonne, du chant des partisans et de « bella Ciao ».
Mais le Salon anti colonial, ce ne n’est pas seulement des stands d’exposants. C’est aussi deux jours de temps forts avec :
• Des débats où la campagne pour les présidentielles s’est invitée le dimanche avec les candidat(s) ou leurs représentants à la présidentielle interpellés dans le cadre d’un forum politique par les médias des quartiers,
• Des concerts : d’Elio Camale (artiste brésilien, de Coart Arkoman (Hip- Hop) avec un clip de Nadir Dendoune et d’un Duo acoustique issu de H.K et les saltimbanks
• La remise de deux prix l’un colonial délivré à Claude Guéant …mais où Arnault Klarsfeld « tenait la corde » et l’autre, sérieux celui là, le prix Frantz Fanon remis à Mumia Abu Jamal toujours incarcéré » aux Etats unis qui a succédé à Stéphane Hessel, prix remis à son frère par Mireille Fanon Mendès France.
Bon, et bien, c’est raté pour cette année ?
Alors, à l’année prochaine ? Allez y, histoire de réviser un peu et de décliner autrement notre Histoire de France en regardant l’autre, devenu “Etranger” différemment et nous apercevoir qu’il y a encore bien du boulot pour reconnaître nos erreurs, “réparer” les dégats causés par la colonisation et ouvrir grands les chemins qui mènent à la liberté et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Je vous souhaite une bonne journée