A propos de la suppression de l’histoire en terminale scientifique
Mon Dieu, l’Histoire, une passion dans ma vie. Pourtant ce matin je vais faire court, Monsieur Luc Chatel pour vous dire que vous vous gourez complètement en inventant l’option “histoire dans les terminales scientifiques” !
L’Histoire ? “ça n’est jamais qu’une autre histoire racontée en bande dessinée par des générations d’écoliers”…
C’était pour le fun ; une chanson de Pierre Bachelet pour provoquer un peu et exiger plus et mieux pour l’enseignement de l’Histoire ! Pour qu’on recentre et approfondisse la réflexion sur l’essence même de cette matière, qu’on n’en reste pas aux schémas lapidaires “Charlemagne aime s’instruire, il récompense les bons élèves et réprimande les paresseux”… Une phrase à méditer aujourd’hui… Dans l’esprit de Pierre Bachelet ce n’était sûrement pas pour qu’on brade cette “matière” à l’école et qu’on la range dans le tiroir des accessoires.
Comment supprimer en classe scientifique, là où l’on sait que se trouvent majoritairement les élèves les “meilleurs ou les plus aptes” cet accès à la connaissance d’un passé mondialisé en parallèle à l’acquisition et la consolidation de connaissances scientifiques…
Incompréhensible de considérer que supprimer cette matière serait du temps gagné dans les études de ces chères têtes dites scientifiques… Pour certaines futures têtes chercheuses innovantes !!!
L’Histoire n’est pas un truc d’intellectuels et de lettrés tournant sur eux mêmes, elle nous nous ouvre les portes d’un Savoir Etre universel.
Car pour avancer dans le progrès on a bien besoin de comprendre comment se sont construites les sociétés d’aujourd’hui et c’est bien avec “hier” que nos enfants construisent “demain”.
Pour accéder à la connaissance avec respect du monde dans lequel on vit, c’est une nécessité d’allier science et connaissance… Ce sont des clés qui s’enrichissent mutuellement pour comprendre pourquoi on en est là aujourd’hui et ne pas reproduire les erreurs du passé, savoir s’arrêter à temps, pour que progrès technique ne soit plus synonyme de désastre moral…
Regardez simplement les dégats causés hier par le charbon manié et extrait sans précaution (c’est encore le cas en Chine !!! et plus près de chez nous) et de l’amiante dans nos sociétés d’aujourd’hui… Les scientifiques savaient, mais on a magnifié des progrès techniques sans prendre le pouls des risques humains et des dégats environnementaux … Cela fait maintenant partie de notre Histoire commune au même titre que la bombe d’Hiroshima…
Alors ne bradons pas notre Histoire mondiale socio économique dans les classes scientifiques.
Ne tarissons pas trop tôt l’approche à cette source de connaissances et cette ouverture à apprendre à réfléchir sur ce passé en devenir qui nous a fait ce que nous sommes, approche plus que jamais essentielle pour mieux continuer à se poser des questions derrière des équations ou des raisonnements scientifiques.
Nos enfants ont plus que jamais besoin avec nous tous de mieux connaître le passé récent pour ne pas tourner en boucle sur eux mêmes au gré des inventions scientifiques, industrielles ou écononomiques. Cela leur est indispensable pour bâtir un monde de réel progrès et pour ne pas fonctionner en vase clos!
Et pour qu’ils ne puissent pas dire “je ne savais pas” !
Sur un autre registre…mais pas si éloigné, c’est bien l’Histoire avec un grand H qui nous rattrape à grandes enjambées dans ce débat sur l’identité nationale orchestré en voix de fausset par Eric Besson, relayé par les médias et bradé aussi bien à droite qu’à gauche par des grands messes permettant de soit disant exprimer “son opinion”.
Et enfin, sans l’Histoire proche de nous, comment comprendre les tumultes et les révolutions qui se trament dans le monde industriel d’aujourd’hui pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’hier.
C’est vrai aussi bien en ce qui concerne le problème de l’amiante qu’en ce qui concerne les chutes de la bourse ou la folie des hommes qui s’emparant, sans garde fous, de conquêtes technologiques font la guerre, abiment la planète, détruisent ou malmènent les corps et les âmes.
Plus que jamais, dans ce monde ouvert et multiple il nous faudra des êtres capables de connecter l’humain et le progrès technique… et pour cela il nous faut plus que jamais des “têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines”.
Je vous souhaite une bonne journée.