Adieu à Jean Ferrat
Ferrat
Des mots qui sonnaient juste, assemblés avec soin,
Ils venaient bien du cœur et avaient tout leur sens,
Même quand ils flottaient sur des airs un peu simples,
Pas comme à l’opéra, sans mises en scène futiles,
Seuls, sur fond de guitare, sans froufrou de ballets
Et sans titres ronflants, ses phrases coulaient limpides,
Ses mots disaient la vie, des airs la traduisaient,
En grand Maitre des Arts, messager des petits,
Il redonnait au temps des couleurs de saisons,
Les années qui passaient, il ne les fuyait pas,
Il voulait en parler pour qu’on n’oublie jamais
Les haines qui ont tué, la vie qui a repris,
Le bonheur inlassable d’aimer et d’être aimé,
La lumière des pays entre mer et montagne,
Là bas vers le midi où les collines sont douces,
Le sens de l’amitié rude autant que sincère
La terre ocre et les gens aux villages hauts perchés,
Avec des exigences loin des rumeurs des villes,
La chance d’une vie choisie tout au long du chemin,
Il nous disait tout ça, je crois que j’aimais bien.
Qui retrouvera des mots pour le dire à sa place,
Et pour chanter aussi, d’une voix grave et posée,
Pour qu’on ne l’oublie pas, et qu’on chante pour lui
Il l’a bien mérité, peut être qu’il aimera bien …
Dites moi, le ferez vous?
Myriam Heilbronn