Une identité restituée pour les gens de ch’nord avec « Bienvenue chez les ch’tis »
A ma Maman Marie Louise, née Boudewyn, à Mouvaux près de Lille dans le Nord et qui a vécu 24 ans au Parc aux lièvres à Evry.
Enfin CGR revit à Evry…non pas encore avec « la graine et le mulet »…(voir mon blog de la semaine dernière), mais avec « bienvenue chez les ch’tis ». Et quel monde samedi soir, une salle comble composée d’un public familial, c’est vrai moins coloré que d’habitude mais avec des t’chos quand même. Un public très varié avec des gens de tous milieux, des familles entières avec plein de blondinets, il y avait aussi des groupes de jeunes et tout le monde riait de bon cœur.
Pas d’intrigue tordue, pas de scènes pornos ni de femmes à poil. Mais des tranches de vie ordinaire… pour certaines pas tant que ça d’ailleurs, à l’aune d’un regard extériorisé de ce Quelqu’un, Dany Boon, qui aime profondément sa région et surtout les gens qui y vivent. Pour moi c’était un peu la fête… Les retrouvailles avec toute une époque de ma vie autour des années 50/60 que j’ai laissé filer sans trop m’en rendre compte…Et pourtant un temps enraciné dans ma mémoire ! Allez tant pis si ça fait ringard de dire cela mais ça me rappelait bien des souvenirs d’entendre parler le patois de ch’nord le temps d’une soirée.
J’ai d’ailleurs plus entendu parler ch’timi quand j’allais voir ma grand’mère italienne à Saint Quentin dans l’Aisne, pas par elle mais lorsqu’on sortait, que quand j’allais en vacances chez mon autre grand-mère à Mouvaux (près de Lille) qui était la ville natale de mon grand père, dont la maman était flamande… Il est vrai que ma grand-mère maternelle était parisienne et elle avait mis un point d’honneur à ne jamais prendre l’accent de ch’nord !… Mais c’est bien auprès d’elle, dans sa maison pimpante sur trois niveaux avec un escalier d’une raideur extrême, que j’ai appris à aimer le nord et surtout les « gens du nord »… ce qui explique ma passion pour Jacques Brel et pour Pierre Bachelet.
Je savais qu’il y avait beaucoup de gens du nord dans l’Essonne et à Evry, mais là, à voir les deux salles combles pour ce film à l’Agora je suis convaincue que les associations de ch’tis évryennes vont reprendre du poil de la bête et qu’il y aura de nouveau quelques baraques à frites pour remplacer les camions de pizzas dans les environs… Quant aux restaurants chinois de partout ou grecs à Paris, ils n’ont plus qu’à bien s’tenir.
Mais chut… A Lille j’ai vu qu’on avait inventé des distributeurs à frites automatiques… Alors projetons nous dans l’avenir ! Imaginez un peu ça dans l’enceinte de la mairie à l’accueil !!! Et les employés de bureau du coin en train de discuter l’ midi autour d’une baraque à frites installée sur la place des droits de l’homme…
Bref, un film qui nous change des tensions de la campagne électorale… Et qui porte un autre regard sur des situations assez classiques mettant en évidence les préoccupations cardinales des gens… qui ont tant besoin qu’on aille au devant d’eux tout en respectant ce qu’ils vivent même si c’est truffé de contradictions apparentes… Car si ce film a tant de résonance ce n’est pas tant parce qu’il fait rire que parce que chacun y retrouve un brun de sa propre histoire. On y voit bien que la vraie vie est aussi faite de réactions spontanées et de partage au naturel… loin de l’univers artificiel du monde du show bizness. Et ce type de relations, cette solidarité pour rendre le quotidien vivable, on comprend que c’est tout un héritage qui vient de loin, qui ne se décide pas d’en haut et qui n’a pas besoin de se municipaliser pour exister !!!
Si vous voulez convaincre votre entourage ou vous-même que le plat pays est une région accueillante où l’on peut retrouver un peu de chaleur humaine et où on ne risque pas de rester isolés, à condition de “jouer le jeu un minimum”… Alors allez voir « bienvenue chez les ch’tis » et après, entre autre, vous aurez envie de faire de la politique autrement… qu’au sein d’une liste où tout est codifié sur papier glacé rouge orangé…
Et vous aspirerez à retrouver des temps forts partagés, pour vous fabriquer des souvenirs et construire avec d’autres en vous tournant vers l’avenir… Invitez moi autour d’une bonne bière (d’un libre de brasseurs…)… à boire avec modération… Nous en parlerons, le temps passe si vite.
Allez, à +