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Les livres de Régis Debray et de Gilles Kraemer

 Deux regards  sur la Palestine, le philosophe devenu « Candide en terre sainte » et le diplomate en poste au Centre culturel qui a vécu ce qu’il appelle des « Jours tranquilles à Ramallah ».

Deux titres qui se rejoignent au cœur de la Palestine, deux rives et deux regards sur l’histoire en train de se fracasser, que ce soit en voyage sur les chemins  empruntés par le Christ où dans la ville phare de la Cysjordanie.

Deux démarches sans a priori pour deux témoins au cœur d’un drame fait de constructions que sont les colonies qui se démultiplient, un mur qui s’allonge et se renforce, et puis des routes d’enfermement et de fuite,  constructions  permanentes destructives autant qu’intrusives, qui  effacent  les liens et empêchent contacts et fluidité.

Ces livres sont des signaux d’alerte très forts pour nos consciences occidentales, un signal d’alarme face au drame  palestinien qui nous rattrapera si nous n’agissons pas.

Ecrire pour ne pas oublier ce qui s’est dit, ce qu’on a vu, les émotions partagées et puis être témoins de son temps de l’Histoire en train de se faire ou de se défaire. Ecrire et faire parler les mots pour que les langues se délient.

Les mailles du filet sont rompues et le filet même a disparu, il n’y a plus que des barrages vers Tibériade. Tous les deux témoignent aujourd’hui des chaînons manquants non seulement au dialogue mais à la simple RE connaissance des faits… Le peuple palestinien ne peut mourir sans état  pour laisser la place à Israël. Et pourtant aujourd’hui ce peuple est condamné si nous n’agissons pas.

La Palestine, constate Régis Debray est un pays où on ne circule plus, un pays où le quotidien est devenu un enfer, où l’enfermement est devenu résignation, où on nous parle de résilience mais plus de liberté pour les palestiniens, où les chaînons manquants pour une paix juste sur une terre que  les israéliens cloisonnent au jour le jour sont de plus en plus importants, où passer d’une rive à l’autre du Jourdain relève de l’exploit  même pour un voyageur avec un passeport français alors que c’était si facile du temps de Jésus, où toute terre n’est devenue qu’enjeu pour une occupation de plus en plus verrouillée,  où Jérusalem cœur de nos trois religions monothéistes fait figure de cité interdite pour tout un peuple qui y a enraciné des siècles de vies et son histoire, et où les trois religions monothéistes se sont partagés les lieux de cultes sans conciliation et respect de l’autre, dans une vieille ville dominée par les israéliens, devenue un puzzle de voies sans issues pour les palestiniens.

Pour  Gilles Kraemer,  c’est simplement au départ avec empathie que ce diplomate a pris son poste d’attaché culturel au Centre culturel franco allemand de Ramallah.

Mais à une période clé pour cette ville siège assiégée de l’autorité palestinienne, de simple observateur au quotidien il a décidé de tenir un journal puis de témoigner.

·         Il a vu grandir ce mur « les israéliens devraient savoir qu’un mur a deux côtés »,  vécu pendant et après Arafat au cœur de cette ville.

·         Il évoque les chars israéliens qui grondent dans la ville et a été témoin des incursions de l’armée israélienne la nuit sans crier gare avec son flot de destructions.

·         Il n’a pu que constater des brimades, des non sens à l’encontre de simples citoyens aux droits élémentaires bafoués.

·         Il est intervenu pour faire cesser des actes …répréhensibles  et  faire réparer des humiliations

·         Il a du palabrer pour tenter de faire réparer des injustices commises par des civils mais aussi par l’armée israélienne.

·         Il a constaté l’inconscience, l’absence de conscience ou la méconnaissance de ce qui se passe en Palestine par des israéliens pourtant ouverts au dialogue, intellectuels, de droite comme de gauche.

·         Il a vécu l’enfermement et puis les destructions  en partageant le quotidien des habitants.

 

« Pour retrouver des sensations et des colères partagées » et j’ajouterai aux mots de Gilles Kraemer sur sa dédicace… Pour comprendre le quotidien dans une ville de Palestine, que nul ne souhaite pour soi ou ses enfants, et faire en sorte que la force des mots aide à la prise de conscience d’une cause juste celle d’une paix juste entre Israël et la Palestine, et dès aujourd’hui faire cesser les exactions dans les territoires occupés qui ne peuvent qu’attiser la haine, lisez ce livre et faites le connaître.

« Avons nous vu les mêmes choses ? » m’a demandé Régis Debray à la fin de sa conférence de présentation à Montpellier au moment de la Comédie du livre. « Malheureusement oui » lui ais je répondu.

Ce livre de réflexion au sens philosophique du terme, même si l’auteur d’« Un candide en terre sainte » s’en défend, nous interroge. Il nous prend à partie sans parti pris, sur la base de constats simples et de paroles données et échangées sans préalable ni a priori…

Pour nous, habitants de France,  juifs, chrétiens, musulmans qui vivons notre foi, ou qui simplement croyons en l’homme, ce livre de voyage en Israël, Palestine, Jordanie, à Gaza, au Liban, en Egypte et en Syrie est une véritable sommation à agir au proche Orient. Et nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

 

Deux livres qui se répondent en se complétant avec leurs éclairages différents, l’un avec son vécu sur place, l’autre avec sa connaissance plus globale de l’Histoire en train de se faire. Mais tous deux nous donnent l’intime conviction qu’il faut dire et agir vite.

Régis Debray cite Braque qui disait « il faut avoir deux idées : l’une pour tuer l’autre. » et d’ajouter que « dans ce pays  le cubiste aurait trouvé son bonheur » tout en se demandant qui viendra avec une troisième idée « pour recomposer une figure cohérente » , tout en  conseillant à ce dernier de porter un gilet pare balles…

Après avoir lu ces deux ouvrages me reste le goût amer des occasions perdues et l’envie d’agir plus que jamais ici et là bas pour une Paix juste et durable dans cet Orient si proche. Dites s’il n’était pas trop tard ?

Myriam Heilbronn

Ce 18 juin 2008

 Pour Evry Palestine

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