Des ponts, pas des murs… Edito pour le 35ème mois des 3 mondes à la Maison du Monde d’Evry
Dans quelques mois nous allons célébrer les 30 ans de la chute du mur de Berlin, symbole à l’époque d’ouverture, de liberté gagnée et d’unité retrouvée. Nous pensions alors, plus jamais ça ! Pourtant aujourd’hui on recense dans le monde plus de soixante-cinq murs qui subsistent, se construisent ou s’étendent.
Ils s’édifient toujours au mépris du droit international et encouragent de ce fait l’avènement de sociétés toujours plus fermées et surveillées, à la place de sociétés libres et ouvertes qu’ils prétendent pourtant défendre, comme c’est le cas entre les deux Corées ou avec le mur construit par l’Arabie Saoudite à la frontière irakienne.
Nous les condamnons parce qu’ils ne protègent pas, ils empêchent… Ils consacrent la corruption, la contestation ou la violation des frontières qu’ils sont censés fortifier. Ils génèrent heurts, détournements maffieux et détresse face à la misère comme à la frontière mexicaine. Parfois, ils emprisonnent et séparent comme le mur de sable miné construit par le Maroc face au Sahara occidental et le « mur de séparation » érigé par Israël qui enferme les Palestiniens chaque jour davantage et coûte 2,5 millions le kilomètre.
En érigeant ces murs, les états pensent affirmer une souveraineté qu’ils contribuent en fait à affaiblir en s’enfermant aussi.
Face à ces murs, les ponts incarnent le lien, la main tendue, la réconciliation et la fraternité comme le pont de Mostar en Bosnie Herzégovine… Mais lorsqu’ils deviennent des points de contrôle notamment lors de flux migratoires aux portes de l’Europe ou qu’ils sont le seul passage obligé comme le pont Allenby sur le Jourdain pour les Palestiniens. Aussi, nous voyons qu’ils peuvent aussi bien unir que séparer.
Et puis, quelle est leur place dans les zones de crise ou dans les processus de paix comme entre la Crimée et la Russie ou qu’ils chevauchent comme au Mexique le mur de séparation ? Et quel est alors leur impact sur la vie quotidienne des populations qui les empruntent ? Parviennent-ils véritablement à réunir celles qui ont été divisées ? A l’évidence, ils restent trop souvent le reflet d’un monde fragile et mouvant, empreint d’arbitraire.
C’est pourquoi, nous vous invitons lors de ce mois « à regarder plus loin que les frontières qui sont de barbelés … plus loin que la misère… » (comme le chantait si bien Jacques Brel) :
Pour mieux entendre, comprendre, partager et construire de vrais ponts !… Au cours des évènements que nous vous proposons.