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De retour d’un voyage au coeur d’un pays occupé : la Palestine

Rencontres et partages, contrastes saisissants entre un Pays qui se trouve en assumant pleinement ses racines, en tournant le dos à la violence, en construisant, en éduquant, en faisant la fête. Nous avons retrouvé un pays avec un peuple ouvert au monde. Pourtant leur liberté d’aller et venir est toujours confisquée. le plus souvent sortir de sa ville ou de son village pour aller voir sa famille est un rébus sans solution. Passer un simple cheik point avec une autorisation est une loterie, un “parcours du combattant” même pour cette femme de 70 ans parfaitement en règle, que nous avons vus dans notre bus à Qalandia se faire insulter arme au poing . C’est pour la plupart jusqu’à être pour certains, un obstacle infranchissable …
Ils nous ont remerciés pour le vote de la France à l’UNESCO mais ils nous l’ont rappelé à chaque visite : Ils veulent surtout vivre libres dans leur pays, qu’on leur rende les terres grignotées jour après jour, les sources volées, l’eau du puits… les champs d’oliviers, l’accès libre aux routes, leurs maisons … Ils veulent que les colons et les soldats partent.

A Jénine et à Naplouse on peut attendre l’eau au robinet pendant un mois. Aussi les terrasses des maisons sont encombrés de citernes remplies d’eau achetée à prix fort … Eau le plus souvent venue d’Israël…
La Palestine ? C’est un très beau pays méditerranéen vous savez, mais nous y sommes privés de ces lignes de fuite qui ouvrent le regard à la beauté du monde à la recherche du Créateur. Aujourd’hui pour retrouver la splendeur intacte de cet Orient perdu il faut souvent fermer les yeux.  Il faut avoir des capacités d’abstraction et beaucoup d’imagination pour rencontrer l’horizon même par temps clair avec ses lignes de fuite qui permettent d’approcher des temps d’éternité. Aujourd’hui, comme pour son peuple, dans son paysage, l’horizon est introuvable, les lignes de fuite brisées comme les vies des gens qui vivent là. Partout le béton des murs, des rouleaux de barbelés et des cheiks point encombrent et la beauté se brise. Alors on peut toujours essayer une fois rentrés chez soi de faire des séances de “photo shop”,  gommer certains trucs incongrus dans ce paysage,  briser ces routes enchâssées de rideaux de béton et de tours de contrôle, effacer un grillage ou un mirador … Pour voir à quoi ressemblerait ce pays, cette terre de contrastes, ce monde de libertés qui ne demande qu’à renaître au nom des trois religions monothéistes mais surtout au nom des droits humains sur ce versant de notre chère planète.

Car en  face, faut pas rêver,  la réalité est toute autre. Avec l’appui de l’armée -ON -  qui est à la fois ou tour à tour, le gouvernement israélien, des sociétés israéliennes, des sociétés étrangères, des colons, des gens ordinaires venus d’ailleurs s’installer en Israël des soldats de l’armée israélienne, des sociétés privées de sécurité … Bref c’est un ON très large dont je vous parle.

On ne fait pas que construire des murs, agrandir et protéger des routes dédiées interdites aux palestiniens. On ne fait pas que brimer au quotidien par des contrôles. Il n’y a pas seulement comme à Naplouse  ces “descentes” en pleine nuit de religieux fanatiques encadrés par l’armée soit disant pour prier avec hauts parleurs en centre ville pour briser le sommeil des habitants quatre heures durant !

On continue à occuper, à prendre des terres, à étendre les colonies en chassant des gens de chez eux, à démolir et surtout à “jouer au gagne terrain” en redoublant de constructions sur des terres arrachées. On chasse au quotidien de nouveaux paysans en fermant la route qui mène à leurs champs. Et le combat non violent qui a permis de récupérer des terres à Bil’In n’est qu’une exception et a demandé une énergie folle.

On confisque l’eau du Jourdain et en face de palmeraies verdoyantes, sur les terres palestiniennes, les bananiers ont disparu et ne poussent plus que quelques acacias. On détourne des sources comme à Béni Saleh au service de lotissements de colons qui eux ont tous des piscines … La colonisation s’accroit et s’étend. Le boa constrictor enserre sa proie partout. C’est plus voyant encore qu’il y a quatre ans à Jérusalem et à Hébron  avec des secteurs encore plus ville morte et une école publique transformée en hashiva protégée par l’armée. Sans perdre une miette de notre périple, des fusils de l’armée israélienne pointés le plus souvent vers nous, ont suivi  notre visite de la vieille ville. Et en prime nous avons eu la surprise d’assister à une ronde de l’armée israélienne, armes au poing et chaussures aux pieds, dans la mosquée du tombeau des patriarches avec des gens en prière … “Violation de lieux saints” qui a un instant tétanisé notre belle guide palestinienne avant qu’elle ne baisse les bras en nous disant dans un triste sourire que ces rondes étaient maintenant quotidiennes …

Certes tous les israéliens n’approuvent pas ou n’approuvent plus tous tout ou une partie de ce qui se passe et des lignes bougent. Mais c’est bien fragile et les chemins d’une paix juste ? 

Je vous  parlerai encore un autre jour de ce voyage. En attendant, je vous souhaite une bonne journée.

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