define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Le blog de Myriam Heilbronn » Archive du blog » Des hommes et des dieux

Des hommes et des dieux

C’est effectivement un film hors pair et très remuant pour moi qui ait connu cette Algérie encore jeune Indépendante, terre  porteuse pour la plupart des Algériens rencontrés alors d’espoir et de liberté; liberté tant espérée, retrouvée et tellement idéalisée après ce long chemin douloureux et de déchirures pour l’Indépendance.J’ai vécu deux ans en Algérie juste après la naissance de ma fille et suis passée à plusieurs reprises dans cette région déshéritée des hauts plateaux algériens, l’hiver battue par les vents, terre désolée, pauvre et délaissée, accablée et accablante de chaleur en été, avec ses carrefours aux inquiétants barrages militaires déjà à la fin des années 70 (Ben Bella était détenu pas loin, nous l’avons su après).

Mais j’en garde aussi la mémoire d’un pays fascinant aux savoirs multiples, une région aux rencontres tellement riches et chaleureuses qu’elles resteront à tout jamais gravées dans ma mémoire, toutes en simplicité et humanité.

Pourtant quelque part, vu du prisme de mon quotidien, et aussi grace à des rencontres dans des milieux intellectuels et militants qui me sortaient de mon quartier populaire mais aussi en vivant et causant avec les femmes de ma rue, je voyais montait une lourde inquiétude, des pesanteurs et des silences et des détours de phrases pour ne répondre à mes questions sur la vie des gens de là, sur leur travail, qui inquiétait parfois.

 Aussi, l’on sentait bien là des germes inquiétants, porteurs et générateurs de clivages et de conflits dangereux et lourds. De la corruption par ci par là que l’on excusait à l’époque au regard du jeune âge et et séquelles d’une guerre ravageuse et dévoreuse.

Et puis disions nous, n’exagérons rien, ce n’est pas le seul endroit au monde et sûrement moins que dans d’autres où se passent ce genre de problèmes.

Mais quand même les clignotants rouges du danger se multipliaient : Ce refus de limitation des naissances associé au rejet de la pilule, une grosse crise du logement dans les grandes villes, un intégrisme religieux accru avec la construction de grandes mosquées financées par l’extérieur, les femmes parquées à la maison derrière leurs rideaux opaques, des pénuries, la condition des femmes baffouée avec le nouveau code de la famille, une arabisation certes légitime mais pas toujours bien maîtrisée dans les secteurs de l’Education, des coupures d’eau récurrentes, un chomage montant, des mouvements sociaux censurés par les médias et réprimés parfois durement, les minorités méprisées dans leurs revendications, une jeunesse avec pour idéal “partir en Amérique”   …

Pourtant tout n’était pas joué, car il y avait vraiment des gens de bonne volonté dans tous les secteurs et même à la tête des organes de gouvernance , des évolutions industrielles et économiques brillantes dans certains domaines, des êtres généreux qui travaillaient et réfléchissaient pour un bien être commun, une volonté de réussir et une fierté retrouvée chez beaucoup de jeunes cadres enthousiastes à construire un avenir “de leurs mains sans les colons”,des atouts économiques et une richesse pétrolière indéniable ….

Et surtout ! un grand et très beau pays aux reliefs et climats fascinants et contrastés riche d’une civilisation lointaine aux confins de l’Afrique et de l’ Europe …

Bref un pays on ne peut plus attachant que l’on adopte dès qu’on y pose un pied mais où la vie n’était pas légère en tout cas pour moi, jeune femme et jeune mère, et surtout un pays dans lequel on voulait croire à cause de son Histoire et surtout de ses “gens” et où l’on pensait que seul le meilleur pouvait encore arriver.

Et puis voilà, nous sommes rentrés en France et 20 ans après quand on a voulu y retourner avec nos enfants c’est le grand tourbillon du pire avec en point d’orgue, et oui, la mort des moines de Thibérine qui nous a fait y renoncer.
Alors allez voir ce film et après on en parle ?

Bon weekend

Laisser un commentaire