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Gaza, aujourd’hui 14 juillet 2014 Lettre à Monsieur le Président,

OUI je vous écris à vous les plus hautes personnalités de l’état, François Hollande, Manuel Valls et Laurent Fabius pendant que vous défilez sur les Champs Élysées et vous penchez sur la Tombe du soldat inconnu alors que tant de visages aimés de certains tombent à Gaza victimes innocentes des bombardements israéliens.

Le bilan des attaques israéliennes contre Gaza à 0H25 heure française:

2150 bombardements

174 morts.

1146 blessés

374 maisons détruites

 Vous avez bien suivi les dépêches ?

Et vous, mes simples concitoyens ? Arrêtez de vous pincer le nez  ou de jouer les Ponce Pilate, feignant d’ignorer qui est encerclé depuis des années quand vous parlez de Gaza, la plupart sans y avoir jamais mis les pieds… ou une seule fois en des temps plus calmes sans mur et avant 1968 en pèlerinage,  ou à l’époque d’ Arafat du temps des espoirs d’Oslo. Autres temps …

Maintenant vous ne resteriez pas indifférents au Gaza d’aujourd’hui…

Vous diriez que c’est une terre riche en potentiel mais dévastée par les attaques et le blocus, avec des gens  qui restent accueillants, simples, généreux, ouverts sur le monde, sensés et cultivés, riches ou modestes, paysans ou pêcheurs, comme ouvriers, architectes et médecins, journalistes et artistes,  pas haineux du tout  … Qui pour beaucoup préfèrent la langue française à celle de Shakespeare et la parlent mieux que nombre de nos compatriotes sans jamais avoir pu venir l’apprendre en France. C’est le creuset d’une société normale, somme toute, où des hommes et des femmes  avec leurs familles  ne demandent, pour tous ceux que j’ai rencontrés, qu’à vivre en paix, enfin reconnus et libres comme palestiniens sur cette terre avec le droit d’aller et de venir.

Et pourtant, vous seriez témoins qu’au delà de cet accueil chaleureux, tout manque et pas seulement la liberté à Gaza, mais  aussi l’eau potable pour boire, l’eau non salée pour se laver sans avoir le corps et les cheveux qui collent, cette eau douce aussi aux cultures captée par Israël. Manque aussi la nourriture, notamment les fruits et les légumes qui arrivent au compte goutte d’Israël ou plus souvent d’Égypte depuis que la terre accessible ici ne peut plus en produire. Beaucoup de chômeurs aussi attendent un travail qui se fait rare par manque d’argent pour les salaires aussi pour vivre normalement, cela  faute de matières premières qui ne rentrent plus et faute du droit d’aller travailler au delà de Gaza.  Pas d’essence non plus : Ni pour les véhicules ni pour les groupes électrogènes ; avec de l’électricité seulement quelques heures par jour quand tout va bien : au bon vouloir des israéliens.Le gaz manque aussi pour la préparation  des repas; les logements sont détruits alors que les chantiers en cours financés par l’Europe n’avancent plus; les terres sont dévastées par les vagues d’interventions laissant des trous béants d’obus comme aux temps de la grande guerre à Verdun ou  dans les Ardennes, séquelles de bombardements israéliens; les bonnes terres restent confisquées, transformées en no man’s land par une armée israélienne qui veille sur ces zones dites tampon où les paysans ne peuvent plus venir entretenir leurs champs; des familles de plus en plus nombreuses sont endeuillées; le manque de médicaments est criant et adultes et enfants sont en nombre emprisonnés sans jugements et visites possibles dans des prisons israéliennes le plus souvent sans droit de se défendre et sans visites de leurs familles  …

Alors pouvez vous continuer comme si rien n’était, vous les gens d’ici, alors que la paix se profilait là bas… et que tout explose de nouveau ? Pouvez vous laisser s’attiser des turbulences indignes et des crimes haineux,  en ignorant  la tension aveugle qui monte sans broncher  ? Cela ne reviendrait il pas  à donner un permis de tuer à tout va à Israël et à faire renaitre de ses cendres un Hamas à bout de souffle, comme prétexte à ses interventions meurtrières ?

Pourquoi donner un tel laisser faire à Israël encore aujourd’hui, jour du défilé du 14 juillet en France, symbole de liberté et de libération de notre peuple et qui plus est, sur fond d’anniversaire de la première guerre mondiale qui en a engendré une deuxième à force d’autisme et d’esprit de revanche…

Pourquoi ? de la part de l’Ambassade de France offrir  aujourd’hui à Tel Aviv un bal de 14 juillet en soutien aux israéliens des territoires proches de  Gaza ???

L’histoire ne nous aurait donc rien appris en ce jour de commémoration de la 1ère guerre? Depuis quand la guerre rend elle des frontières plus sûres et favorise-t- elle l’entente entre les peuples ?

Depuis quand des répliques meurtrières arrêtent une escalade insupportable et peuvent elles faire réfléchir des citoyens désespérés face à l’inertie mondiale ou arrêter quelques groupuscules armés par  des manipulateurs obscurs qui ont de tout temps existé et qui aujourd’hui ne cherchent qu’à faire parler d’eux et à se renforcer comme en Syrie ?

Qui peut arrêter cette folie  d’injustice, entretenue par une ONU qui se contente de condamner sans agir, et cette soif de vengeance sans retenue de la part d’Israël ?

Au nom de quoi, de qui et de quel Droit agit cet état en toute impunité ??? Et grâce à quelles protections et silences coupables ?

Car c’est bien de guerre et d’occupation illégale qu’il s’agit et ça ne date pas d’hier. Mais ce qui est surprenant et nouveau c’est que juste avant les cérémonies du 14 juillet, en notre nom, la France ait approuvé ces crimes de guerre avant de … “reculer” un peu et bien trop timidement, et sans vraiment condamner et ce, uniquement semble t il, face aux réactions multiples et manifestations dans tout le pays. “Quand même !”Quel aveuglement et quel manque de courage politique … quel manque d’éthique aussi .

Alors, vous, nos représentants, êtes vous capables  en ce jour de fête nationale de prendre position pour de bon, une fois pour toutes, “sans vous boucher le nez”, contre l’indicible qui se joue de nous, peuple libre et souverain, une fois de plus à Gaza, car c’est cet indicible qui est forcément liée à notre propre Histoire…Et nous rattrapera si nous n’y prenons garde.

Cette guerre à Gaza, oui c’est bien de guerre qu’il s’agit,  c’est une guerre contre des assiégés dont la seule faute est d’être nés au sein de familles enracinées dans cette Terre  de Gaza ou de s’y être réfugiés depuis la Palestine historique en attendant de revenir au pays de leurs aïeux et qu’Israël a barricadés  et enfermés derrière un mur de béton, de haine et de méfiance entretenue, coupés des autres  morceaux de Palestine que sont la Cisjordanie et Jérusalem terres devenues lointaines  et étrangères dans ce pays de mirages dans lequel Gaza est pris au piège depuis 1948 …

Et moi qui connais Gaza et y ai des amis, parmi la liste de morts et de blessés civils égrenés au fil de ces derniers jours !!! je cherche au gré des reportages qui nous arrivent que sont ces amis devenus ? que leur est il advenu ?

Qui de ces morts affichés dans un décompte macabre qui s’alourdit presque d’heure en heure, ais je croisés dans la rue ou à la campagne la dernière fois en mai 2013 ? qui m’a souri,  parlé, offert un thé, ouvert sa porte ? … j’ai peut être des photos de certaines de ces vies envolées et volées; je cherche avec crainte les maisons de mes amis, des visages aimés et connus pour m’assurer qu’ils sont en vie… Mais repartis pour combien de nuits blanches, de traumatismes et de peurs s’ils sont encore vivants.

Ma maison leur est ouverte et ils le savent, mais ce n’est pas chez eux. Leur vie est à Gaza. Et en plus, comment venir alors que les frontières sont fermées par Israël ou par l’Égypte, la mer  gardée par des vedettes avec droit de vie et de mort sur qui dépasse des limites unilatéralement arrêtées par Israël sans protestation de la Communauté internationale; et par le ciel, l’aéroport bombardé en 2008 n’accepte plus que quelques charrettes à ânes qui seules peuvent s’aventurer sur les pistes détruites …

Alors je scrute les images, j’écoute les informations …

Je pense très fort à eux, naïve sans doute, mais dans l’espoir que cela leur permettra d’éviter le pire… et mon esprit s’envole vers cette famille que j’ai accueillie pendant plusieurs mois à Évry lors de “plomb durci” . C’est elle, J, devenue mon amie qui me disait l’an dernier quand je l’ai retrouvée en Palestine, alors qu’elle était revenue à Gaza pour y vivre avec ses enfants, dans sa maison.

Pourquoi ? lui ais je demandé “es tu revenue ici” ?

Parce que, m’a t elle répondu,  “nous ne soutenons pas le hamas mais la vie y est tellement plus libre qu’en Arabie Saoudite…   où ils s’étaient réfugiés après leur passage en France pour des raisons professionnelles aussi.

Mais je m’interroge : Où sont ils aujourd’hui ? En vacances  à Riyad où le père est médecin ? car l’école est finie depuis juin à Gaza… Et le ramadan en famille avec papa c’est quand même plus sympa… même si on doit rester pour les femmes et filles enfermées la journée.

Si je m’inquiète pour eux … C’est que juste avant ces pluies de bombes, aux dernières nouvelles, on ne pouvait plus sortir de Gaza même par l’Égypte… Aussi je crains que le piège se soit une fois de plus refermé sur eux… et ils ne sont pas joignables par téléphone en ce moment…

Alors je regarde des photos de cette famille accueillie chez moi en France, puis reçue à mon tour dans leur maison de Gaza où je les ai revus. Je scrute ces visages presque trop souriants mais … si on observe de plus près on aperçoit toujours les marques qui planent dans le regard, signes des plaies non refermées de “Plomb durci”hier … surtout pour le petit dernier qui m’appelait ” sa tante” et reste encore perturbé depuis 2008 par les bombardements d’alors et les tirs quotidiens de la marine israélienne qui ébranlent cette maison de bord de mer.

Je les ai entendus en 2013, quand j’ai dormi chez eux, ces tirs  contre des bateaux de pêche  qui nous faisaient sursauter et précipitaient Youssef dans les bras de sa maman de jour comme de nuit…

Aujourd’hui qu’en est il de ces visages aimés et de tant d’autres entraperçus ou côtoyés ?

Quelles marques indélébiles, si la mort les épargne, garderont ils de cette nouvelle épreuve ?

Alors ça va, arrêtez de parler de résilience à propos de ce peuple  courageux et humilié en permanence et de fantasmer sur un Hamas qui détruit et  oppresse en espérant vous donner “bonne conscience” tout en restant muets contre ce massacre de tout un peuple . Qui détruit vies, maisons et âmes à gaza en semant la terreur et en balayant tout processus de paix sur son passage ? Qui agit en toute impunité ?

Et ce ne sont pas à des gens haineux,  à l’ esprit destructeur associés à des indifférents ou des esprits méfiants, coupables d’enfermement dans un silence indigne, ou à des poltrons, de nous empêcher de dénoncer les crimes de guerre commis par Israël et de manifester pour demander la condamnation de cet état et de réclamer encore et encore la reconnaissance du droit des Palestiniens à vivre libres dans leur pays.

 CAR  C’EST UN DEVOIR DE NE PLUS LAISSER FAIRE ET CONTINUER A DONNER A ISRAËL UN PERMIS DE TUER. TROP C’EST TROP. IL EST TEMPS QUE CETTE ZONE SOIT SOUS CONTRÔLE INTERNATIONAL DANS LE CADRE D’UN PROCESSUS DE PAIX.

Gaza, Où est passé l’espoir d’une paix retrouvée dans le cadre d’une réconciliation nationale enfin actée entre palestiniens.

Aussi Condamnez enfin fermement ces crimes, dénoncez l’occupation des terres et demandez en même temps l’évacuation immédiate des colonies en terre de Palestine et exiger des pourparlers de paix.

Car il y a aujourd’hui urgence à agir pour la liberté et la dignité des palestiniens de Gaza et pour les droits de l’ensemble du peuples palestinien.

« Oh faites que jamais ne reviennent le temps du sang et de la haine car il y a des gens que j’aime à Khan Younes et à Gaza ». Chantez le sur un air de Barbara qui parlait d’une autre guerre de résistance.

Je vous souhaite une bonne fin de journée.

 

 

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