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Le Docteur izzeldine Abuleaish, trois de ses filles tuées à Gaza en janvier 2009, des morts en direct à la télévision israélienne et aujourd’hui l’enfer des bombes sur Gaza lors de sa visite à Paris

 Cet évènement, avait en janvier 2009 fait le tour du monde lors de l’opération “Plomb durci” sur Gaza.

Ce médecin reconnu par ses pairs dans tout le Moyen Orient et par tous ceux qui l’ont approché,  a  notamment exercé  à Gaza ville et dans deux camps de réfugiés de la bande de Gaza, à Khan Younes (jumelé avec la ville d’ Evry dont je suis) et à Jaballiya où il est né … Il franchissait aussi régulièrement que difficilement le check point d’Eretz pour exercer aussi dans un hôpital israélien comme gynécologue, là où il s’est spécialisé.

Son sémaphore  de vie, c’est de toujours, quoiqu’il arrive, ne pas désespérer de l’avenir, mais à chaque fois savoir dire son ressenti, accepter sa colère lorsque les injustices,  la provocation ou la souffrance sont trop fortes,  mais sans jamais se laisser déborder par la haine …

Et puis, après, cette colère, l’évacuer, la dépasser et la transcender pour la rendre productive, créatrice, génératrice de force pour aller plus loin vers la liberté du peuple palestinien, seule source et passage obligé pour la paix.

Vivre intensément chaque instant et au delà,  garder cette lucidité qui permet d’inlassablement expliquer la détresse d’un peuple en errance auquel Israël a pris la terre, labouré, retourné, dévasté pour la rendre inculte la moindre parcelle cultivée,

Et ne pas démissionner face aux oliveraies séculaires privées de leurs arbres décapités ou face aux serres de fleurs, de tomates et de fraises explosées,

Garder l’espoir toujours,

Ce qu’il a fait en reconstruisant rapidement les murs de sa maison détruits même s’ils portent à jamais les stigmates de ses trois filles et de sa nièce mortes sous les bombes,

Trouver l’eau douce quand elle ne coule plus au robinet, constamment détournée et rationnée par Israël,

Continuer à franchir le check point pour aller travailler en Israël, malgré les tracasseries et humiliations quasi quotidiennes par périodes,

Toujours se rendre en famille à la plage, même face aux gardes côtes israéliens qui bloquent l’horizon vers la mer, empêchant les bateaux de pêche de remplir leurs filets pour nourrir les enfants de Gaza.

Et pour se faire comprendre aussi bien dans l’exercice de son métier qu’avec ses amis israéliens et de tous les autres, politiques, humanistes ou simples citoyens du monde,  certains toujours autistes en ces jours de désastre… Expliquer, parler échanger, refuser la haine.

Et ce samedi après Montpellier à son arrivée à Paris encore et toujours, parler, expliquer, écrire, malgré les orages de bombes sur sa ville, son pays,

Répondre aux journalistes en passant d’un coup de fil à l’autre de l’arabe à l’hébreu et pendant un frugal déjeuner trouver le temps sur un coin de table pour un article au”Guardian” en anglais.

Pour parler, dire, dénoncer ce nouvel affront à Gaza, cette opération sanglante, qui réveille les détresses , cette guerre sans fin qui le pousse à s’exprimer encore après son livre qui a fait le tour du Monde et alors qu’il pensait avoir “DIT”  et vécu suffisamment d’atrocités pour éloigner la fureur des bombes pour toujours.

C’est devenu pour lui un devoir, celui d’exprimer au Monde entier que le Monde ne sera pas libre tant que la Palestine ne le sera pas.

Par ce “livre messager”, il n’a en rien renié ses amis israéliens, et ce samedi pendant son exposé si émouvant dans la Salle à la Mairie du 14 ème arrondissement, chaudement accueilli par le député Maire Pascal Cherki il a redit avec force toute son attente d’une Palestine enfin libre.

Car ne vous y trompez pas. Le regard d’Izzeldine Abuleaish, s’il se défend de tout défaitisme par rapport à un processus de paix, s’il n’ignore pas les faiblesses voir les haines de certains palestiniens qu’il n’excuse en rien, sait que la cause première de l’enfermement de Gaza et son isolement sont l’œuvre d’un occupant, Israël.

Aussi, il n’est pas complaisant avec le cynisme de la politique d’enfermement et de morcellement du territoire et des consciences palestiniennes et de Gaza en particulier, avec Israël et son gouvernement cause première de tous les maux de ce peuple éclaté et dispersé sans avoir besoin de désigner des ennemis de l’intérieur qu’il a aidé à fabriquer.

Il lui suffit d’évoquer par la force des mots son vécu, pour dénoncer  la vie indigne infligée aux réfugiés dits de 48 appelée la “Nakba” .

Et s’il dit s’appuyer sur sa foi de musulman pratiquant pour avancer dans sa réflexion et offrir en partage un Cap à tous ceux de bonne volonté qui acceptent le dialogue parce qu’il n’y a pas lieu de désespérer, il n’est pas dans le cliché de “tout le monde il est gentil et il faut tendre la joue gauche quand vous frappe sur la joue droite”.

Ce monde de “bisounours” bercé par certains au mépris  de la réalité n’est pas le sien et j’espère que cette femme  de bonne volonté, venue en coup de vent , déçue qu’il ne l’ai pas attendue pour parler !, alors qu’elle s’était  empressée de répondre à l’invitation pour écouter ce “docteur  pour  la paix” , ne sera pas restée à la surface des mots; qu’elle aura compris au fil de sa lecture l’âpreté du chemin qui reste à parcourir. Il lui a  dédicacé son livre avec un large sourire avant de rejoindre la Manifestation organisée en soutien à Gaza sur la place de l’Opéra.

Là où c’était, nous a t il dit son Devoir d’aller, il a dénoncé une fois de plus l’occupation de Gaza et la nouvelle terrible agression de l’armée israélienne porteuse de mort, répétant avec force que la Palestine devait être libre et reconnue.

A Vancouver en ce moment, il nous a dit vivre, non pas comme “immigré”, mot qu’il déteste, car son pays c’est la Palestine et sa ville Gaza, là où est sa maison, là où se trouve la tombe de sa femme et de ses filles, là où il espère que les oliviers de son champ encore neuf donneront tous les fruits espérés et où grandiront un jour d’autres enfants et travailleront les siens enfin en paix.

Mais il a choisi cette prise de distance vers le “Nouveau Monde car c’était une promesse faite à l’une de ses filles aujourd’hui disparue. Et c’est maintenant un “port” pour se retrouver lui, avec sa famille,  là où sa compétence professionnelle est reconnue, où il peut travailler, refusant toujours et encore l’Assistance et l’inaction.

C’est aussi après toutes ces morts, se reconstruire en famille et permettre à ses 5 enfants de retrouver de la sérénité. En effet ce chemin de deuil, ils l’ont fait sans sa femme Nadia, morte d’une leucémie foudroyante quelques mois avant ses trois filles.

Le Docteur Abuleaish ne vit pas dans une bulle mais  est un artisan au service de la paix pour les palestiniens, un grand Politique au sens noble du terme pour qui chaque parole a un sens.

Ainsi il termine son article au “Guardian” ce samedi par  une citation. Celle d’une autre femme médecin, qui au soir d’une autre guerre, pour des enfants errants au cœur d’une Italie ravagée par les dégâts du fascisme et de la misère , avait ouvert tout grand ce chemin vers la connaissance qui mène un peuple à la liberté .

Et c’est bien là le résumé de son combat :

“Peace will be a consequence of truth. Maria Montessori said: “Establishing lasting peace is the work of education; all politics can do is keep us out of war.” Let us hope this is a turning point, and a way towards Palestinian freedom.”

“La paix viendra de la vérité. Maria Montessori disait : ‘l’établissement d’une paix durable ne peut venir que de l’éducation; tout ce que les politiques peuvent faire, c’est de nous préserver de la guerre”. Espérons que nous sommes à un tournant, que nous trouverons le chemin de la liberté pour les Palestiniens”.

Ou dans la langue de Dante  Maria Montessori écrivait en 1946 : “Evitare i conflitti è opera della politica, costruire la pace è opera dell’educazione.”

Ce samedi dernier, une rencontre organisée par un de ses éditeurs se voulait paisible et bien réglée : La promotion de son livre en édition de poche avec une introduction de Dominique Vidal du Monde diplomatique organisée par l’AFPS … Israël en a décidé autrement …

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