define('WP_CRON_LOCK_TIMEOUT', 300); Le blog de Myriam Heilbronn » Archive du blog » “Pranzo di ferragosto” ou “le déjeuner du 15 août”

“Pranzo di ferragosto” ou “le déjeuner du 15 août”

Je ne suis pas critique de cinéma.

J’ai découvert ce film dont on a dit déjà dit et écrit tellement de choses surtout depuis sa présentation au festival de Montpellier l’automne dernier, après la mostra de Venise .

Alors pourquoi parler aujourd’hui de ce fameux “Déjeuner du 15 août” ? Perché no parlare di “Pranzo del ferragosto” ?

Ce film , n’en déplaise à certains critiques, mais quel âge ont ils ?, parle autant de la cinquantaine et du manque de structuration de la vie à la maison dans une grande ville européenne d’aujourd’hui, pour un fils  désargenté qui ne veut pas abandonner sa mère, plutôt possessive, que du problème des “mamma” vieillissantes dans des familles éclatées.

Alors pourquoi, vous, les critiques, qualifier à la louche ces femmes jouant leur propre rôle sur le registre du vécu et des sentiments, accueillies par Giani, ”uomo di mezz’ età, che vive con sua madre in una vecchia casa a Roma”  d’être “de troisième âge”, c’est à dire nier leur âge, les fixant dans un état bien statique “la vieillesse” qui va pour vous de 60 à 110 ans. Pourtant ces chères “bonnes femmes” mises en scène, portent haut leur force de vie  et leur âge, et se révèlent à elles mêmes plutôt vivantes, bien en chair et imaginatives, et c’est leur âge, non masqué aussi bien dans la vie (voir la présentation du film) qu’à l’écran qui leur permet de jouer leur propre rôle sans tricherie et appareil. C’est leur carte maîtresse, la respiration de cette histoire.

C’est aussi une vraie leçon de tendresse sur la vie quotidienne que l’auteur nous dévoile en nous montrant ce qui se joue au quotidien derrière la face cachée et les volets en nous faisant pénétrer dans un appartement au centre de cette Rome qui se veut modernisée. J’ai retrouvé du vécu dans ce film, ayant il ya trois ans maintenant, près de la cité du Vatican, passé avec mes enfants quelques jours dans l’appartement d’une vieille dame qui y avait laissé des traces de vie (je ne sais si elle était encore vivante) qui m’ont marquée.

Et puis, on ne peut pas parler de ce film sans évoquer le tour en scooter des deux copains dans cette Rome écrasée de soleil, désertée à “ferragosto”, à la recherche de nourriture terrestre, mais surtout de vie. Le cinéaste nous ballade en nous emportant du”centro di Roma”, vers le colisée, puis en remontant vers le trastevere pour redescendre et atterrir sur les rives du tibre, par des images à la fois furtives mais aussi denses qu’intuitives, à coups de traveling choisis qui nous imprègnent et nous font ressentir le climat de moiteur et de vide aussi pesant qu’étrange et “unique” de ferragosto, quand la ville abandonnée par la plupart de ses habitants n’est plus que pierre et béton enrobée de chaleur ausi moite qu’inhumaine.

 Il nous vibrer par touches furtives  dans sa quête de fils suspendus de vie masqués  et nous fait ressentir comment les nouveaux  modes de vie ont dissous les codes de  solidarité les plus élémentaires.

Et qui recrée du lien en offrant de quoi vivre… se nourrir ? Miracolo ! Un pêcheur du Tevere… Ce n’est pas Tibériade, mais c’est bien un petit miracle quand même, car c’est bien grâce à ce pêcheur du dimanche que les mailles du filet de la vie toute simple et de la solidarité se retissent. Et… que ce fameux repas de 15 août peut se dérouler entre mamies revigorées et fringuantes.

Ce film  qui interpelle, a aussi une valeur pédagogique sans didactisme pontifiant, car il nous permet d’aller à notre rythme, de cheminer dans nos têtes, de partager des sentiments, des images, des émotions et d’accepter cette vie qui nous surprend tous les jours où la fantaisie peut émerger des pires situations. C’est un film qui sonne vrai , donne du plaisir, force le respect.

C’est enfin un film  poétique et grave au sens “important”, nécessaire pour remettre bien des pendules à l’heure, qui montre que tout dans la vie ne se codifie pas et ne se programme pas à coups de mesures fiscales ou de plans d’aide. Il rend un hommage au dévouement de ceux qui au quotidien, en silence, partagent la vie de proches vieillissants, pas toujours marrants, sans reconnaissance, des  gens qualifiés d’ordinaires et qui sont généreux dans l’âme.

Aussi, pour ce film d’une grande qualité cinématographique, Merci Gianni di Gregorio, vous êtes un grand bonhomme !.

PS  : Avant de m’appeler Heilbronn je m’appelle “Bonvicini” avec trois I comme Italie !!! ça c’est pour le fun et vous dire que je me réjouis d’autant plus que ce soit un “rital” homme, qui nous donne cette leçon de vie… Et oui, les vieilles dames veuves ou seules, ont encore besoin de mecs pour les entourer, et pas seulement de dames ou d’aides au féminin qui ne savent même pas faire la cuisine pour nombre d’entre elles !

Laisser un commentaire