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Les mots sont des écheveaux de souvenirs, ils sont notre carbone 14

 Je crois à la force des mots qui nous guident, qui disent qui vous êtes, et de quelle époque… C’est comme pour les prénoms.

Les mots et leur agencement, ils nous datent, ils nous trahissent en disant qui nous sommes, ils sont indiscrets quand ils donnent notre âge, même si vous n’ avez pas forcément envie qu’on vous le rappelle; c’est comme ça que j’ai tout de suite trouvé Romain Gary planqué derrière Emile Ajar avec son “Gros Calin”.

Les mots nous trahissent, mais parfois nous affadissent avec le temps. Ils sont à certains moments un peu encombrants quand ils disent trop de vérité sur une part de nous même, qui souhaiterait rester mystère; ils deviennent alors un miroir en deçà de ce que nous vivons sans pouvoir le traduire dans toute son intensité, un peu le reflet de notre entourage… du monde dans lequel on évolue… et agissent aussi comme un miroir déformant de brutalité ou d’agressivité. Ils dévoilent beaucoup plus que ce que nous voudrions dire et pas assez de ce que nous rêvons d’être.

J’aime les mots d’enfants, ces patrimoines familiaux qui ne dépassent pas les frontières d’un ou deux patronymes et dont la génèse est souvent aussi surprenante que difficile à décoder mais fondateurs de souvenirs et de rêveries… de cauchemards parfois !.

Dans la famille il y a les médoulettes, mécabus,  grovévé, la titirondèle (si vous voulez la traduction écrivez moi !) et quelques autres notés dans des cahiers d’écoliers… Ce n’était pas au temps où Bruxelles chantait… aurait dit Jacques Brel…mais avant les ordinateurs. On dirait que c’est bien loin !!! Pas tant que ça si l’on date ces engins au carbone 14 !!!

Et puis si je vous parle de ça, je ne peux occulter ceux de la génération de nos parents, explicites et non déformés pourtant ceux là… Jean d’Ormesson les a réveillés lorsque dans un entretien à propos du “Salon du livre” il a évoqué un auteur en disant “c’est épatant”… mot très courant dans mon enfance… Idem pour “c’est chic”, mis à toutes les sauces à une certaine époque. Dans ses cahiers de souvenirs, mon père l’employait à tour de bras, je pensais que ce n’était que lui… mais non, je l’ai retrouvé dans des lettres et cartes postales de la même époque et quelque soit le milieu social.

Me revient aussi en écrivant ces lignes le “c’est honnête”,  si souvent entendu dans la bouche de mon beau père et qu’il employait (il n’était pas le seul, là aussi) aussi bien pour parler de la qualité d’un met que de la beauté d’un vêtement ou la saveur d’une pomme cueillie au verger !

Ces mots sont comme la voix, si on ne les emploie plus on les oubliera… ou ils perdront de leur intensité.

Je vous souhaite une très bonne fin de nuit.

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