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Accueil à Gaza et au camp de réfugiés de Khan Younès lors de mon dernier voyage

Cette année, nous n’avons pas voulu supplier les autorités israéliennes pour venir à Gaza. C’est par une autre porte, celle de Rafah, que l’on espère pour toujours débarrassée de ses entraves israéliennes illégitimes, que nous sommes entrés sur cette terre palestinienne, accueillis presque en héros.

Tout a donc commencé après la frontière égyptienne franchie sans encombre grâce à une coordination diplomatique préalable bien utile. Et, dès le terminal égyptien franchi,

 Avant toute question administrative, les premiers mots des douaniers gazaouis ont été : Vous êtes le groupe de français ? « Bienvenue chez nous en Palestine » Puis après un contrôle « normal »  c’est un accueil chaleureux du Comité populaire du Camp largement représenté … qui nous attendait à la sortie du terminal.

Ils étaient là, une bonne dizaine depuis plus de 5 heures à guetter notre arrivée.

Ce furent alors embrassades, accolades, photos individuelles et collectives, retrouvailles avec certains visages connus ; puis un temps de repos avec discours et thé et gâteaux d’accueil dans le salon des personnalités du poste frontière où flottaient les drapeaux français et palestiniens mêlés. 

C’est ensuite très entourés, et toujours largement photographiés comme des vedettes, que nous avons pris la route en car avec Mazen, Président du Comité Populaire, entourés aussi d’une bonne partie de son équipe. Nous étions escortés par la voiture de notre ami Fouad, l’ancien Président du Comité et co signataire du jumelage avec la ville d’Evry. Il avait tenu à venir avec sa voiture de l’Unwra, pour s’assurer par lui-même jusqu’à notre port d’attache à Khan Younès que tout allait bien. On n’en n’aurait pas fait plus pour une visite d’Officiels.

Je ne vais pas vous refaire en détail le film de l’accueil à chaque étape de tout notre séjour. Mais de notre arrivée à l’hôtel du croissant rouge de Khan Younès à notre départ, lors de la visite du camp et d’autres camps de réfugiés, dans des écoles comme au PARC, lors de rencontres officielles, lors de balades en ville ou dans les campagnes, à l’hôtel à Gaza ville, lors de temps d’accueil dans les familles amies, de rencontres avec les pêcheurs et des paysannes, de déjeuners parfois repoussés tardivement par notre faute, de débats et d’échanges sur la situation locale et politique, de temps festifs organisés en notre honneur, j’ai rarement vécu autant d’attentions petites et grandes apportées aux modestes visiteurs que nous étions.

Ils nous ont ouvert en grand les portes de chez eux, avec à la fois disponibilité et simplicité. Nous avons aussi rencontré leurs familles au cœur d’un quotidien bousculé par la si rare venue d’étrangers, nous offrant à l’orientale des mets délicieux, prenant le temps nécessaire pour qu’on se sente à l’aise, organisant et réglant les visites à notre demande avec toujours calme et gentillesse.

Ce sont tous ces moments inédits et précieux que nous gardons en mémoire. Nous étions venus pour comprendre, partager et témoigner à notre retour… Nous sommes venus rencontrer des palestiniens, nous sommes devenus membres de la famille …

Ils ont passé des nuits blanches pour faire des montages photos, résolu de multiples problèmes matériels liés au blocus … en toute discrétion ils ont anticipé nos besoins. Ils ont résolu toutes les quadratures du cercle pour nous permettre d’aller partout où on le souhaitait.

Ce respect  et cette écoute de l’autre, trop rare de nos jours en France, on l’a ressenti toute la durée du séjour, avec toujours en fond de tableau, ce rappel de leur identité et de leur histoire, avec élégance et discrétion, un grand sens du collectif, de la finesse et de l’astuce, chargée d’humour parfois et surtout beaucoup de dignité et d’humanité.

Et puis, je voulais vous dire à nous tous français qui nous heurtons au quotidien à tant de faits racistes et de peur de la différence, ce qui est frappant à retenir chez toutes ces femmes et ces enfants et chez ces hommes que nous avons rencontrés, c’est cette acception naturelle de nos différences, avec aussi comme point fort pour tous comme pour l’ensemble des représentants du Comité populaire et des officiels et Universitaires rencontrés, l’absence de haine envers les israéliens, mais une très grande souffrance à ne pas être compris dans leurs revendications naturelles par ces derniers et l’ensemble de la communauté internationale, à savoir : la reconnaissance de leur identité Palestinienne et leur souhait de liberté, et bien sûr la reconnaissance de leur droit au retour en tant que réfugiés.

Beaucoup d’entre nous ont pleuré ou caché leurs larmes en les quittant lorsqu’ils nous ont raccompagnés en grande pompe et émus à la frontière de Rafah.

Nous reviendrons c’est sûr, en espérant que le vent de la liberté à Rafah nous ouvrira toujours ses portes et surtout, qu’un jour viendra, où c’est sans contraintes par la grande porte d’Eretz, par Israël, que nous pourrons entrer à Gaza reconnue enfin Terre de Palestine par tous les Etats.

A notre tour nous rêvons de pouvoir accueillir en visite tous ces amis de Gaza, parcelle de notre grande famille humaine, libres enfin de circuler comme c’est leur droit depuis tant d’années bafoué, malgré de multiples résolutions des Nations Unies,

Alors ? Nous le souhaitons, à bientôt chez nous amis de Gaza ?  !. Pourtant,

       « La Palestine est belle

       - oui la Palestine est belle

       Variée riche

       - riche en histoire

       C’est une terre de mythes

       de pluralismes

       et elle est fertile malgré le manque d’eau

       elle est modeste aussi

       la nature y est modeste, c’est un pays simple »

       Mahmoud Darwich

 

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